Le changement dans l'air fut subtil, comme la lente avancée des dunes recouvrant peu à peu la savane. Seshat avait regardé le ciel qui s’était peu à peu chargé de particules rougeâtres. Elle avait pensé que cette anomalie atmosphérique était une curiosité locale. Elle s’était émerveillée des crépuscules flamboyants dont les dégradés d’ocre lui rappelaient son désert natal. Mais les paysans s’étaient inquiétés. Ils lui avaient expliqué que c’était de la « poussière de démons » et craignaient de perdre leurs récoltes de poireaux. Mais Seshat s’en fichait : aucun félin digne de ce nom ne pourrait supporter d’avaler ça. Puis les gens commencèrent à tousser. La soigneuse leur prodigua des sirops et imposa ses mains sur les malades. Hélas il n’y eut pas beaucoup d’amélioration, les cendres continuaient de tomber sur Orzen. Pire, elle aussi commença à se sentir malade. Elle avait des instants de faiblesse et sa magie se régénérait difficilement. Alors la lionne reprit péniblement sa route vers la capitale.
Combien la route est longue lorsque l’on doit marcher lentement, harassée d’une fatigue si terrible qu’elle vous fait tomber à genoux sur la route. Seshat se sentait parfois aussi ivre que pendant la fête du jubilé de la reine. La tête lui tournait désagréablement et elle perdait tout sens de l’orientation. Le voyage d’une journée se transforma en un périple d’une demie semaine. Il faut dire qu’elle avait passé quelques heures à chasser une gerboise du désert qui ne cessait de sautiller autour d’elle. D’où cet animal pouvait-il venir ? Ces sauts agaçants attisaient son instinct de chasseresse et elle avait établi une véritable stratégie pour s’emparer du rongeur fuyant. Mais lorsqu’elle écarta ses mains griffues pour observer sa proie, elle les trouva vides. La bestiole n’était qu’une chimère énervante. La question était désormais de savoir s’il s’agissait d’un sort d’illusion résultant de son accident magique ou de sa lassitude. Trop fatiguée pour réfléchir, la lionne avait laissé la question de côté.
Son arrivée dans la capitale fut des plus désagréables : il y avait un long défilé de personnes apeurées ou malades qui se pressaient aux portes. L’air malsain semblait se concentrer dans les ruelles sales où aucun coup de vent ne venait chasser les relents des malades. Elle demanda sa route à un milicien qui s’agrippait à sa hallebarde pour ne pas tomber mais lorsqu’elle se mit en route pour le temple de Maeve elle eut un instant de faiblesse. Elle avança machinalement, suivant le flot des badauds qui se pressaient vers le quartier commerçant. Peut-être pour ne pas se faire écraser ou plus sûrement pour l’agacer, la gerboise s’était juchée sur sa tête, sa queue s’agitant comme un pendule entre les yeux du félin qui ne cessait de la repousser de la main pour libérer sa vision trouble.
C’est au moment où elle se disait qu’elle ne pouvait plus poser une patte devant l’autre que la lionne remarqua l’enseigne d’une boutique : A la Fiole Dorée. Des gens faisaient la queue devant la porte et en discutant avec un halfelin harcelé par une migraine elle découvrit qu’il s’agissait de la boutique d’un alchimiste. Après une âpre négociation, Seshat avait obtenu le gîte, le couvert et des potions pour la soulager contre ses connaissances médicales. Elle posait un diagnostic, soignait comme elle le pouvait les clients et Magnus Fielmort leur fournissait des potions en encaissant un joli bonus. Seshat avait rapidement eu le sentiment de s’être fait flouer mais vu son état de faiblesse, elle n’avait pas l’esprit assez ferme pour négocier. Ainsi se passaient ses mornes journées, à recevoir des malades assise sur un petit tabouret au-dessus d’une table vermoulue jusqu’à défaillir. L’humain la requinquait par une potion de sa composition dont le goût de menthe cachait des ingrédients peu ragoutants.
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Seshat Ra-Sibwa
Myste Zarahn
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Mer 5 Juil 2023 - 21:25
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La fiole dorée
Malaise ? Oui.
Mes talons claquaient lentement contre le bitume des rues étroites des quartiers pauvres d'Hadarès. Bien que ma posture tentait de faire preuve de droiture, mon dos se recourbaitout seul sous les sensations désagréables de mon corps. Nausées, maux de ventres et estomac complètement retourné, je ne pouvais pas donner le meilleur de moi-même.
Je ne pouvais dire si mon plus grand malaise était dans le regard de ces pauvres malades toussant comme des fumeurs, ou mes propres maux qui gagnaient du terrain dans mon esprit. Dans les deux cas, je n'aimais pas le sentiment qui me bouillait dans l'estomac.
Cela faisait déjà quelques heures que le pire des symptômes me grugeait les entrailles.
Le soleil carmin et le ciel brunâtre était sûrement la raison derrière ces maux. L'odeur nauséabonde, la pluie de cendres sur la capitale, rien n'aidait. Il s'agissait clairement des volcans des terres démoniaques qui crachaient tout cela vers nos belles contrées vertes, condamnant tous les vivants d'Orzen et ses pays voisins à suffoquer sous cet air toxique.
Mes pas se rapprochaient peu à peu d'une place fortement peuplé. Ma vue se troublait. Je peinais à garder ma concentration, tout devenait flou autour de moi. La panique me montait rapidement aux entrailles alors que je réalisais lentement dans quel genre de pétrin j'allais me retrouver.
À la merci des autres.
Allais-je perdre conscience? Non. Je ne voulais pas.
Je ne devais pas.
Alors qu'une bonne inspiration me redonnait le courage nécessaire de continuer mon chemin, je me rapprochais lentement de cette endroit tant convoité par tout le monde. Beaucoup de gens dehors, devant la porte, en attente pour quelque chose.
J'étais de trop noble lignée pour attendre. La vie de ces pauvres habitants du bas-peuple n'équivalait pas à la mienne. Mon égoïsme, peut-être... ou mon impatience.
Ma crainte de perdre le contrôle sur la situation autour de moi.
J'entrais donc dans le bâtiment, passant devant certaines personnes. Ma vue de plus en plus trouble devenait rapidement complètement noire. je ne voyais plus du tout où j'allais, ni ce que je faisais. Un pas de plus, un pas de trop ; Mes pieds se rappaient contre une chaise dans mon chemin, m'étalant royalement contre le plancher inconfortable. Si je n'étais pas en panique, je me serais cachée et j'aurais disparue à jamais. Si ma peau aurait été pâle, on m'aurait vu rougir de honte.
- Navrée.....! Je... je ne vois plus rien... merde!
Je tâtais devant moi, à la recherche de quelqu'un, ou de quelque chose pour me redresser. M'agrippant à ce qui me semblait être une table, je me relevais lentement, difficilement, les jambes encore tremblantes sous les maux qui me hantaient. La panique me gagnait, je ne savais pas où j'étais exactement, ni ce que je devais y demander....
- Merde, merde... merde! Je... J'ai besoin d'une chaise......
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Myste Zarahn
Seshat Ra-Sibwa
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Dim 9 Juil 2023 - 16:57
La fiole dorée (Event ouvert)
Les patients se succédaient les uns aux autres, tous présentant les mêmes symptômes. Quelques rares cas présentaient de l’arythmie cardiaque et de l’asthme mais Seshat pressentait que, si l’atmosphère ne se dégageait pas rapidement, ces exceptions seraient plus fréquentes.
« Sortez le moins possible, évitez d’ouvrir les fenêtres et ne faites pas d’exercice. Je sais que ce ne sera pas facile, mais il faudra tenir vos enfants à l’intérieur et leur trouver des activités calmes. » expliquait la lionne à une mère de famille aux yeux cernés par l’insomnie due aux pleurs de ses trois bambins. « Voyez avec l’alchimiste, il vous fournira des potions antiémétiques et des tisanes relaxantes pour vos enfants. Ils devront retrouver le sommeil rapidement. » La femme esquissa un sourire, rassurée par le ton professionnel de la soigneuse. D’un geste de la main, Seshat lui indiqua le comptoir sur lequel on entendait les pièces tinter. Elle respira à fond pour retrouver ses sens ; l’odeur de la maladie augmentait ses vertiges.
Il y eut du mouvement à l’entrée, les gens se poussaient pour laisser passer une elfe noire. Personne n’aidait la pauvre malade, tous s’écartaient comme si elle avait la peste. Même si ce fléau n’avait rien d’épidémique, on commençait à ostraciser ceux qui présentaient les symptômes les plus graves. Trop faible pour soulever à elle seule l’elfe qui s’était hissée au niveau de sa table d’examen en gémissant, elle fit signe d’avancer à deux ouvriers qui s’étaient prestement écartés.
« Vous n’êtes pas en état de rester assise, vous pouvez vous évanouir à tout moment.» constata Seshat en conservant son ton calme pour apaiser l'agitation de l’elfe noire qui jurait. « Vous devez vous allonger sinon vous risquez de graves complications. Allons messieurs, aidez-moi à la transporter derrière ce rideau. Je vais l’étendre sur ma paillasse. » Sitôt dit, sitôt fait, chacun la soulevant par une aisselle comme on le ferait pour soutenir un fêtard pris de boisson, on trimballa la malade sur quelques mètres et elle fut déposée un peu rudement sur un matelas d’herbes sèches.
La lionne s’accroupit près d’elle et ferma les yeux un instant et soupira avant de se remettre à parler. Il était difficile de dire qui de Myste ou de Seshat était la plus atteinte. La gerboise était réapparue et elle sautillait joyeusement autour de la malade… Soudain très fatiguée, la whitestonoise referma le rideau derrière elle, signalant à l’alchimiste qu’elle avait besoin d’une pause. Le vieil homme connaissait son état et demandait aux clients de repasser plus tard avec un tact acquis après des années de négoce.
« Je suis Seshat Ra-Sibwa, je viens de Whitestone. » déclara t-elle en saisissant délicatement de sa main velue le poignet de l’elfe noire pour en tâter le pouls. « Si vous êtes en état de parler, pouvez-vous me dire quels sont vos symptômes, quand ont commencé et s’ils ont empiré. Prenez votre temps, vous êtes en sécurité avec moi, je suis soigneuse depuis de nombreuses années à la cour de la reine. » La lionne aimait à répéter qu’elle n’était pas une rebouteuse de campagne : son expérience rassurait les patients qui acceptaient plus facilement d’avaler les mixtures nauséabondes mais efficaces de l’alchimiste.
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Seshat Ra-Sibwa
Myste Zarahn
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Mer 12 Juil 2023 - 9:42
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La fiole dorée
Voilà que j'avais fait la risée de moi-même. Je m'attendais à me faire ridiculiser. Je pensais bien entendre rire derrière moi... ou du moins, je m'y attendais. Étonnamment, rien du tout. Aucun rire, aucun commentaire répréhensible, juste.. une panique générale. Des gens cherchaient à m'aider, et alors que je tentais de me redresser, c'est une voix féminine qui s'élevait. Des instructions simples, que je comprenais très bien.
Je n'allais clairement pas avoir une chaise pour m'assoir, bien malgré ma requête très claire.
Cette même voix donnait des ordres à d'autres gens. Messieurs. Des hommes. Ceux-ci me soulevaient, et je ne me gênais pas pour montrer mon mécontentement. Je bougeais sec, tentant de me libérer de leur emprise.
Une tentative qui a évidemment échouée, puisque je peinais à rester debout... alors je n'avais clairement pas la force pour me libérer de deux hommes.
La paille sous moi n'était pas confortable, et d'habitude j'aurais grandement rechigné et exigé un lit beaucoup plus confortable et digne de ma classe sociale... mais malgré tout, mes vertiges étaient bien moins importants, et je réussissais à trouver un certain confort dans la situation actuelle. Aussitôt que les hommes m'eurent lâchés, je ne pus faire autrement que de leur souffler un injure entre mes dents serrées.
- N'osez plus jamais me toucher, bande de.... de... merde...
La voix féminine de la personne qui s'affairait à me soigner me rassurait grandement. Sa main cherchait mon poignet, une main velue me faisant clairement comprendre ses racines.
Elle me demandait quelles étaient mes symptômes, tout en se présentant. Son statut me rassurait énormément. Elle n'était pas une pauvre SDF tentant de se faire passer pour une soigneuse... elle semblait savoir ce qu'elle faisait. Je fermais les yeux -chose complètement inutile puisque je ne voyais déjà plus rien- et je relâchais un long soupir, marque assez claire qui montrait que je tentais de me calmer.
- J'en sais rien. Tout a commencé il y a un petit moment, mais a rempiré de manière incontrôlable dans les dernières heures.
J'étais un peu confuse également. Dire que je comprenais ce qui se passait, ce serait mentir. Certes l'air n'était pas pur du tout en ce moment, mais de là à affecter les vivants à ce point?
- Jusqu'à maintenant, je ne vois plus rien autour de moi... et j'ai des maux de ventres complètement horrible, j'en ai des vertiges...
J'avais également des nausées, mais je présumais que c'était probablement lié aux maux de ventes qui me frappait. Je relâchais un autre léger soupir, alors que je rouvrais mes paupières à la recherche d'une toute petite lueur. Je cherchais de quoi accrocher mon regard, mais malheureusement, c'était les ténèbres absolus. Tout ce que je souhaitais, c'était que ce ne soit pas permanent.....
- Je m'appelle Myste... Myste Zarahn, si vous avez besoin de mon nom.....
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Myste Zarahn
Seshat Ra-Sibwa
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Jeu 13 Juil 2023 - 17:54
La fiole dorée (Event ouvert)
Les gens réagissent différemment à la maladie. Certains croient qu’ils sont sur le point de mourir alors qu’ils n’ont qu’un rhume, d’autres retombent en enfance et se laissent materner par leur infirmière. Cette elfe noire n’entrait pas dans ces catégories : c’était une combattante qui devait considérer sa condition comme un défi personnel. Elle ne manquait pas de pugnacité et il en fallait pour avoir dévalé la rue commerçante pour chercher secours dans son état. D’autres auraient abandonné et se seraient laissé mourir dans leur lit. Mais Seshat savait aussi que ce genre de patient a parfois la main leste et le verbe joliment ordurier.
La description des symptômes ressemblait aux nombreux cas d’intoxication qu’elle avait rencontré. Mais la cécité était une nouveauté inquiétante constata t-elle en passant sa main griffue au-dessus des yeux de l’elfe pour chasser l’agaçante gerboise. Était-ce une atteinte nerveuse ou la conséquence d’une fatigue extrême ? La lionne aurait bien lancé un sort pour le diagnostiquer mais elle risquerait de s’affaiblir encore plus et ne serait plus d’aucune utilité pour les autres malades qui attendaient dehors. Elle décida de traiter empiriquement les maux de ventre avant de s’attaquer à la cécité ensuite.
« Puisse Khaf-Ra être remercié d’avoir guidé vos pas vers moi dame Zarahn. Je ne vous cacherai pas que votre état est très préoccupant, il serait dangereux de regagner votre domicile et d’être sans surveillance médicale pendant les prochaines heures. » La lionne parlait d’un ton calme tout en ne cachant pas ses inquiétudes. Vu la combativité de l’elfe noire, elle ferait tout pour guérir le plus rapidement possible même s’il fallait suivre les conseils d’une inconnue. Mais ça ne lui plairait sûrement pas.
« Nous allons traiter d’abord vos troubles abdominaux. Je vais vous donner une potion qui les calmera et quelque chose pour vous relaxer parce que vous êtes angoissée, ce qui est tout à fait normal. Hélas votre nervosité accentue encore plus vos maux de ventre. C’est en quelque sorte un cercle vicieux, comprenez-vous ? »
Des pas empressés,le rideau qui se soulève et l’alchimiste paraît, l’air contrarié. « Tenez, votre potion. On commence à manquer d’herbes. » dit-il d’un ton bourru. « Si vous manquez d’ingrédients c’est que je fais bien mon travail. Pourquoi ne pas poster une annonce sur la devanture ? vous trouverez sûrement des candidats. Et vous pourrez les rémunérer en fonction de la fraîcheur de ce qu'ils vous amèneront. »
Le rideau retomba et les pas s’éloignèrent. Seshat avait donné à réfléchir au commerçant qui ne manquerait pas d’escroquer ses fournisseurs en ergotant sur la qualité des herbes médicinales.
« Je suis désolée que vous ayez entendu cette conversation. Malheureusement nous avons beaucoup de malades en ce moment. »
Elle remit la petite fiole entre les mains de Myste pour lui éviter l’humiliation de lui faire boire comme on fait têter le biberon à un bébé. « Voici votre médicament. Le goût sera très amer mais je vous garantis que vous irez mieux dans une heure. Désirez-vous prévenir quelqu’un de votre état ? Je peux appeler un messager pour prévenir votre famille que vous resterez un moment parmi nous. »
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Seshat Ra-Sibwa
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Ven 21 Juil 2023 - 10:31
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La fiole dorée
La jeune femme qui m'aidait ne semblait pas du tout douter de ses compétences. Elle savait ce qu'elle faisait, clairement, et c'est quelque chose que je devais lui donner. Bien que la situation actuelle m'angoissait et me rendait grandement inconfortable, elle savait me rassurer en me disant ce qu'elle allait faire. Commencer par traiter la douleur, ce qui semble être un bon plan. J'acquiessais positivement de la tête face à sa question concernant le cercle vicieux.
Se calmer, c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Surtout quand le mal, c'est un mal de ventre..... Ce mal était incommodant... et pas qu'un peu. C'est un mal très inconfortable d'ailleurs... parce qu'on sait jamais ce qu'un mal de ventre peut cacher.
Je soupirais légèrement, tentant de me calmer. Sa voix et son ton était paisible, du moins, comparé à mon état. Néanmoins elle ne cachait pas ses inquiétudes, ce qui ne m'aidait pas tant que cela. Je savais que j'étais entre de bonnes mains, mais que je ne pourrai probablement pas repartir ce soir. J'allais sûrement rester ici quelques jours, dépendant combien de temps les symptômes persisteront.
Cela ne me plaisait pas du tout.
La voix d'une tierce personne se faisait entendre dans la place, n'aidant pas tant à mon anxiété. Il y avait donc d'autre gens qui était témoin de mon état pitoyable. Je soupirais légèrement alors qu'elle me donnait une potion, entre les mains. Je me redressais légèrement pour la consommer.
Le goût de l'amertume me tirait une sérieuse grimace de dégoût, mais je lui faisais confiance.
Elle savait ce qu'elle faisait.
- Merci...
Je soupirais légèrement, avant de me rallonger de nouveau aussitôt la potion terminée. Elle avait mentionné avoir beaucoup de malades, et avoir des potions pour tout le monde s'avérait mission impossible.. probablement. Je ne connaissais pas l'étendu des dommages de cette cendre Ashlandaise.
- Il y a tant de malade... ? Est-ce tous à cause de ce ciel carmin et de cette neige cendrée?
Probablement... mais rien de mieux que de se reposer, et éviter de poser des questions inutiles. Je n'avais pas terminé de me reposer visiblement. Mon regard vide se retournait vers la jeune femme, deux pupilles vides cherchant du regard, sans pouvoir trouver quoi que ce soit.
Aucune lueur de couleur, de lumière, le vide total.
Elle m'avait proposé d'envoyer quelqu'un aviser ma famille... la simple pensée de cette phrase m'arrachait un rictus tristement mélancholique alors que ma voix cassait le court moment de silence.
- Je n'ai pas de connaissance autour, et ma famille habite bien trop loin. Ils n'ont sûrement aucune inquiétude pour moi.
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Myste Zarahn
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Ven 21 Juil 2023 - 23:40
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La fiole dorée
La fatigue ne passait pas. Pire même, elle tendait à s'aggraver davantage à chaque journée qui s'écoulait. En tout premier lieu, Orin l'avait mise sur le compte d'un quelconque surmenage, ou de la malnutrition. Ses efforts pour travailler à Hadarès croissaient, mais son énergie ne lui permettait plus de se trainer bien longtemps hors des refuges dans lesquels il séjournait clandestinement. Se payer le luxe d'une chambre à l'auberge demeurait toujours impossible dans son cas et bien moins encore obtenir ses propres appartements, quelque-part, en ville.
Au résultat, la saison des pluies avait peut-être mis à mal sa santé ? S'il ne pleuvait que de l'eau, l'animorphe aurait pu se contenter de cette explication. Seulement voilà, le ciel ne parvenait pas à se débarrasser des épais nuages rougeâtres qui le chargeaient et de la cendre s'en échappait inlassablement. L'air paraissait vicié, parfois irrespirable. À tel point que le jeune homme rechignait à séjourner dehors et tâchait de s'abriter autant que possible, quand la situation le lui permettait. Il suffisait d'une cave mal verrouillée, d'une grange ouverte, d'un débarras ou même du dessous d'un toit effondré.
Cependant, la nuit précédente n'avait pas été aussi agréable qu'il aurait pu l'escompter. Ses sens félins ne supportaient plus l'odeur de souffre qui planait au-dessus du pays et sa tête tournait. Le tissu de son écharpe devant le nez et la bouche, Orin fit de son mieux pour s'extirper du poulailler abandonné dans lequel il s'était faufilé.
L'animorphe n'avait que guère dormi et sentait son moral défaillir à mesure qu'il bataillait pour mettre un pied devant l'autre. Dans les rues, il fut heurté par le triste constat que les malades se multipliaient, là où on ne déplorait que de la toux et des irritations, quelques jours plus tôt. Accablé, il manqua trébucher à maintes reprises et dut prendre appui sur les façades de certains bâtiments pour ne pas s'effondrer.
Coutumier du quartier commerçant, le jeune homme s'étonna de voir que du monde l'animait toujours, malgré les évènements. Questionner des passants lui permit rapidement de comprendre où tous ces gens se rendaient. La plupart, comme lui, cherchaient de l'aide et de quoi les rassurer quant à leur situation. L'un des marchands, qui avait du mal à parler sans s'étouffer, lui conseilla de se rendre à l'échoppe d'un alchimiste, "À la Fiole Dorée". Beaucoup d'autres y avaient trouvé de l'aide, alors autant tenter sa chance à son tour.
Oui, mais qui disait "échoppe", incombait forcément de devoir payer. Se tordant nerveusement les doigts les uns avec les autres, Orin se demandait comment il présenterait ses maigres moyens... et s'il aurait seulement de quoi obtenir ne fut-ce qu'un médicament pour le requinquer. Il était trop tard pour reculer, coincé qu'il était au beau milieu de la foule de malades qui se pressaient pour faire la queue. Quelle angoisse d'être ainsi piégé... Comme il aurait voulu être plus grand, histoire de repousser l'humain géant qui le bousculait depuis plusieurs minutes juste derrière, essayant vainement de le dépasser malgré le manque de place évident.
- Vous avez entendu ? murmura un patient en attente à son voisin, juste devant lui. Ils disent que l'alchimiste commence à manquer de composants.
- Vous voulez dire qu'ils ne pourront pas tous nous soigner ? C'est affreux... s'indigna le second.
Les oreilles d'Orin se dressèrent sur sa tête, à l'affût de plus d'informations. Tout à coup, il regrettait d'être entré. Non pas par crainte de ne pas trouver de solution à son problème, mais parce qu'il songeait que la fatigue n'était peut-être pas une raison suffisante pour venir ennuyer un alchimiste. Tant de personnes étaient atteintes de maux plus graves que les siens... Le jeune homme pensa tout de suite à tourner les talons, pour se diriger vers la sortie. Une sortie inatteignable, puisque les clients continuaient à la boucher.
Avant qu'il ne puisse chercher une idée, le fameux alchimiste entreprit de le faire passer à son tour et lui offrit de s'installer sur une chaise. Un soupir de soulagement franchit le seuil de ses lèvres. Après tout ce temps passé à batailler pour rester debout, le jeune homme ne put nier que s'installer ainsi lui fit du bien. Les sueurs froides qui perlaient le long de son dos et les tâches noires qui dansaient devant ses yeux, prouvaient sans peine qu'il n'en fallait pas beaucoup pour qu'il s'écroule sur le sol. Ce n'était certes que de la fatigue, mais pas ordinaire pour autant.
Lorsqu'il lui fut demandé de patienter, après avoir décrit ses symptômes il ne se fit pas prier pour rester tranquille. Le dos appuyé contre le dossier de la chaise, l'animorphe ferma les yeux quelques secondes et entreprit de respirer pour ne pas perdre connaissance.
Ça va passer, s'encouragea-t-il intérieurement, respire, ça va passer.
La lionne regarda l’elfe noire boire sa potion et se rallonger avec une certaine envie. On prétend que les félins sont paresseux de nature parce qu’ils ont tendance à somnoler plus que de nombreuses créatures. C’est absolument faux : s’ils se reposent c’est pour mieux se dépenser lors d’une chasse, qu’elle soit diurne ou nocturne. Une traque méthodique suivie d’un effort violent et rapide. Les fauves n’ont pas la constitution des bœufs, capables d’endurer placidement de longues heures de travail. Les moustaches pendantes, l’œil trouble, Seshat luttait contre son désir de se pelotonner en boule pour une bonne sieste réparatrice. Par chance sa patiente ne pouvait voir son état pitoyable.
L’animorphe réprima un soupir fataliste quand l’elfe noir lui expliqua qu’elle n’avait pas de famille ou de connaissance pouvant l’accueillir. Seshat pouvait dire adieu à sa paillasse guère confortable, mais pourtant bien utile : si elle renvoyait Myste dans la rue elle serait la victime de voleurs ou d’assassins qui la laisseraient agoniser sur le pavé. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle accepta noblement de partager son réduit avec la malade.
« Je ne peux donc pas vous laisser dormir dehors. Ce serait dommage de réduire à néant les soins que je vous ai donnés. Et puis vous avez besoin d’être surveillée et de manger régulièrement pour reprendre des forces. Nous devrons partager ce réduit… Ce n’est pas la meilleure adresse de la ville, la nourriture est à peine comestible mais vous aurez avec vous l’une des meilleures soigneuses de Whitestone. » Instinctivement Seshat se passa une langue gourmande sur ses lèvres, repensant aux morceaux de viande rouge épicés qu’elle avait l’habitude de savourer dans le désert. Le brouet de céréales – bien que très nutritif – dont raffolait le vieil alchimiste lui semblait avoir le goût de plâtre. Seule la gerboise chimérique l’appréciait et se roulait allègrement dans son assiette lors des repas.
L’oreille de la lionne battit lorsque du bruit derrière le rideau lui indiqua qu’un nouveau client était installé sur la chaise, attendant d’être soigné. Le boutiquier avait décidé que la pause – qui n’en était pas une – avait suffisamment duré et qu’il était temps que Seshat revienne s’acquitter de sa tâche et par la même occasion lui fournisse un profit substantiel. Mais la lionne était trop fière pour se laisser manœuvrer par ce grossier stratagème. Elle prit le temps de répondre aux questions de Myste, tant par besoin de se reposer avant de rencontrer un nouveau patient que par simple plaisir de lanterner au nez et à la barbe de l’alchimiste.
« Oui, il y a beaucoup de malades. Au début ce n’étaient que les personnes fragiles ; les enfants et les vénérables anciens. Mais de plus en plus de monde est touché. Ce sont souvent des atteintes respiratoires, des maux de têtes, des nausées, de la fatigue… Ce sont des symptômes que je connais bien. A Whitestone il n’est pas rare de soigner des coups de chaud à la saison sèche. Mais ce ciel glauque me rappelle les tempêtes de poussière et de sable que le vent soulève parfois. Les particules restent dans l’air pendant quelques jours, colorant d’ocre jaune tout ce qui nous entoure : le ciel, l’eau devenue boueuse, les bâtiments… Nous nous en protégeons en nous enroulant dans des étoffes et en calfeutrant les ouvertures. Même les puits sont recouverts d’une planche pour éviter que la poussière n’y entre et pollue l’eau. Naturellement, nous ne sortons pas et prions Khaf-Ra pour qu’il écourte cette calamité. »
Seshat semblait parler avec nostalgie d’évènements catastrophiques. Même les tempêtes de sable manquaient à la soigneuse. Il faut bien avouer que le royaume d’Orzen n’était pas très hospitalier en ce moment : la maladie entraînait un certain marasme. On se plaignait de tout et surtout des étrangers. Certains croyaient que les démons alliés aux elfes noirs allaient envahir le pays. La lionne avait balayé ces arguments, croyant à un délire paranoïaque induit par la maladie. Mais elle ne pouvait pas ignorer certaines bribes de discussion dans la file de patients qui attendaient leur tour en bavardant. D’ailleurs il était temps de retourner à sa table d’auscultation avant que des impatients exigent d’être soignés à grands cris ; elle entendait le brouhaha dans la boutique.
« Je reviens dans quelques minutes pour vous poser un linge humide sur vos yeux. Vous ne devez pas les ouvrir jusqu’à nouvel ordre. D’ici quelques heures j’espère que vous pourrez entrevoir la lumière d’une bougie. »
Seshat risqua un œil derrière le rideau. Elle saisit immédiatement le visage d’un colosse patibulaire qui la foudroya du regard, comme si le simple fait de patienter était une insulte à son imposante personne. La queue de la lionne s’agita en guise d’agacement. « Non mais pour qui me prend-t’il celui-là ?»murmura t’elle, absolument pas impressionnée par le géant. Dans son pays l’humain aurait révérencieusement baissé les yeux devant la descendante du dieu lion.
Elle se faufila en cachant au maximum la paillasse sur laquelle l’elfe gisait, malade. C’était à la fois par respect pour l’intimité de sa patiente mais aussi pour ne pas inquiéter ceux qui venaient pour une simple toux et qui seraient terrorisés la vue d’une personne alitée. L’alchimiste n’avait pas renvoyé les clients et il vantait aux moins atteints l’efficacité de ses élixirs contre la toux. Ignorant superbement la foule de malades qui attendaient leur tour, Seshat se dirigea avec une allure de sénateur vers le comptoir. Une mer de visages fatigués ou angoissés suivaient le moindre de ses mouvements tandis que sa queue ondulait au rythme de sa royale démarche. « Il me faut un linge pour les yeux de notre patiente. Préparez de l’eau de bleuet, de menthe et quelques gouttes de cire de blé noir. » Le ton n’était pas autoritaire, mais assez assuré pour que chacun comprenne que la soigneuse n’était pas une rebouteuse de la campagne.
Enfin elle s’intéressa à son prochain patient. Comme pour l’obliger à reprendre le travail, le vieux boutiquier s’était ingénié à lui présenter un individu aux oreilles velues dont l’implantation trahissait une origine non humaine. Mais Seshat ne faisait pas de distinction entre ses patients : quelle que soit sa race chacun avait le droit au soin et au réconfort. Pour ignorer la gerboise taquine qui s’était juchée sur l’épaule du visiteur, la lionne le fixait dans les yeux. Il n’avait pas l’air en forme. Seshat s’assit enfin et posa ses avant-bras sur la table, prête à se saisir d’un poignet pour en tâter le pouls. « Bienvenue à la Fiole Dorée, je suis Seshat Ra-Sibwa, soigneuse à la cour de Whitestone. Que puis-je faire pour vous ? »
Codage par Libella sur Graphiorum
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Seshat Ra-Sibwa
Khesah
Nationalité Arboréenne
Statut spirituel : -
Messages : 111
Points d'apprentissage : 369
Âge : 28
Emploi : Mentor itinérante
Origine : Arboréa
Ven 28 Juil 2023 - 2:42
[EVENT] La fiole dorée
ft. Seshat Ra-Sibwa, Myste Zarahn, Orin Saari
Voilà maintenant quelques jours que la demi-démone avait un léger mal de gorge. Elle la sentait même un peu enflée par moment. Installée à l’auberge du Panais Doré, dans le port d’Hadarès depuis quelques jours, la jeune hybride remarqua ce matin-là que seul un râle sortait de ses lèvres. Cette fois, Khesah n’avait plus le choix : elle devait aller consulter. Sauf que la demi-démone n'avait plus un rond. Si la jeune femme avait toujours sa chambre et une place dans l'écurie pour sa monture, c'était simplement parce qu'elle donnait un coup de main en cuisine et pour fairee le ménage. Ce n’est que de peine et de misère que Khesah put négocier avec l’orc qui dirigeait la taverne ce compromis. L’hybride ne faisait aucun profit, mais au moins, elle et sa monture étaient logées et nourries.
La jeune femme à la chevelure violacée prévint le tavernier t'en bien que mal que ce jour-là, elle sortait pour aller voir un soigneur. Ce dernier maugréa, mais la laissa faire. Après tout, il devait très bien le savoir : un employé malade travaillait nettement moins bien qu’un employé en santé. Khesah quitta donc le Panais doré en direction des rues commerçantes. Sans le sous, il lui faudrait un endroit qui accepterait de lui faire crédit ou qui aidait gratuitement, ce qui ne risquait pas d'être une mince affaire. Le ciel rouge à l'horizon et la pluie de cendre lui firent presque regretter d'être sorti. Mais voilà, sa gorge était trop douloureuse pour en rester là. Au fil des rues, Khesah finit par entendre parler d'une boutique d'alchimiste ou tous se rendaient. La fiole dorée. Tiens, à voir le nom, les gens de la capitale semblaient aimer tout ce qui était de la couleur de l'or, entre la taverne et cette boutique.
Voyant la file monstre devant la boutique, la demi-démone se plaça à l'arrière. Elle se retrouvait juste derrière un animorphe chat d'âge moyen. Comme quoi, n'importe qui pouvait être touché par les cendres et ses symptômes, puisqu'il y avait autant d'enfants que d'adultes et de vieillards. C'est alors que l'hybride entendit des pleurs de nourrisson derrière elle. Se retournant, elle vit une mère et ses trois enfants se placer dans la file derrière la jeune femme. Visiblement, le bébé était plus souffrant qu'elle. Khesah céda sa place à la mère, qui la remercia d'un hochement de tête. Le petit groupe semblait tout de même la craindre un minimum, sûrement à cause de son sang démoniaque. Malheureusement, la jeune femme ne pouvait rien y changer. C'est alors que ses oreilles d'elfe captèrent qu'il manquait apparemment d'herbes à l'intérieur. Tiens donc ? Voilà peut-être comment elle pourrait payer ses médicaments. Après tout, à force de vagabonder dans les bois, la demi-démone avait appris à reconnaître les bonnes des mauvaises plantes.
Lorsqu'enfin ce fut son tour, on lui demanda d'expliquer ses symptômes. La jeune femme ne fit que pointer sa gorge enflée en émettant un râle. Elle n'avait visiblement aucun autre symptôme, heureusement.
Orin était prêt à s'endormir lorsque la voix de la guérisseuse le poussa à ouvrir les yeux de nouveau. Fichtre, il ne pensait vraiment pas somnoler à ce point. Clignant des paupières à plusieurs reprises, le jeune animorphe eut toutes les peines du monde à retrouver une vision plus claire. Une brume persistante menaçait de le faire sombrer dans le sommeil. Il devait s'accrocher pour ne pas fausser compagnie à la dame qui prenait de son temps pour lui venir en aide.
Une animorphe féline, tout comme lui. Ou du moins, plus imposante que lui, au vu des attributs de lionne qui ne passaient pas inaperçu. Malgré son état, Orin s'efforça de sourire et de ne pas avoir l'air impoli.
- Orin Saari, se présenta-t-il à son tour en hochant la tête, merci de me recevoir, ma dame. Je... Voilà plusieurs jours que je sens une intense fatigue me gagner et, malgré le sommeil, j'ai l'impression qu'elle s'intensifie. Depuis ce matin, j'ai beaucoup de difficulté à me déplacer sans tituber. Je me sens très affaibli et...
Il s'interrompit avec gêne, ne sachant trop comment aborder la question. Était-ce mal de s'exprimer sincèrement à ce propos ? Ses oreilles se baissèrent sur sa tête et son regard se fit fuyant. Son hésitation était visible, mais elle ne dura pas longtemps.
- ... je dois avouer que ça me fait un peu peur, admit-il enfin, c'est que je n'ai pas beaucoup de moyens, alors je ne peux pas me permettre un traitement très long.
Que la pluie de cendres dure et il ne donnait donc pas cher de sa peau. Si son état devait durer, ou si quelque-chose de grave lui arrivait, il n'aurait jamais l'opportunité d'y remédier.
Après avoir donné ses symptômes, le jeune animorphe attendit que l'on lui donne des indications, ou un éventuel traitement. Les vents n'avaient pas l'air de vouloir tourner et l'échoppe ne désemplissait donc pas. Apercevant ce qui avait tout l'air d'une démone se rapprocher de sa place, il finit par se lever de la chaise et aller attendre ailleurs. Il n'avait aucune intention de s'attarder dans les parages, surtout si cela empêchait de pauvres gens malades de consulter à leur tour.
Entre deux consultations, il proposa également son aide à l'alchimiste et à la guérisseuse : après tout, si ses symptômes ne duraient pas, il pouvait aussi donner un coup de main pour chercher les plantes manquantes.
Sitôt son traitement en mains et une réponse donnée pour la cueillette, il quitterait les lieux.
Devant elle s’était assis un animorphe félin. Elle ressentit un peu de joie, un rayon de soleil dans cette journée morne et harassante. Comme si, soudain, au détour d’une rue, elle avait rencontré un cousin éloigné. Le jeune homme - car il ressemblait plus à un humain qu’à un chat – n’avait certainement jamais posé le pied sur les rivages de Whitestone. Mais Seshat éprouvait une compassion plus profonde pour lui que pour la ribambelle humaine qui avait défilé devant elle depuis le début de l’épidémie. Elle prit son pouls pendant qu’il décrivait ses symptômes. Ils étaient les mêmes que les siens, hormis les hallucinations. Mais peut-être les éludait-il. En tout cas les deux animorphes avaient des problèmes au niveau de leur vitalité. Était-ce racial ?
- Les maux de tête et la fatigue viennent de difficultés respiratoires, expliqua t’elle en simplifiant au maximum. Les particules de poussière sont mélangées à l’air et à chaque fois que vous inspirez elles entrent dans vos poumons. Comme vous avez du mal à respirer, votre vue se brouille, vous perdez votre force et le sens de l’orientation. Comme vous êtes fatigué vous dormez naturellement plus que de coutume. C’est tout à fait normal pour un félin, j’ai moi aussi ce symptôme. Je vous conseille de rester à l’intérieur, d’économiser vos forces et de sortir avec un foulard vous couvrant le nez et la bouche. Mangez de la viande si vous pouvez, ça reconstituera vos forces. Pour le mal de tête vous pouvez utiliser de la menthe en infusion mais aussi en respirer. Pour vous l’herbe à chat sera aussi efficace. Ce n’est qu’une question de temps, vous irez mieux rapidement.
Elle désigna le comptoir de la main et se pencha vers lui pour éviter que d’autres l’entendent.
- La consultation est pour moi. Nous sommes de la même famille. Le vieil apothicaire ne pourra pas le vérifier et puis… Nous possédons les mêmes oreilles. Mais si vous voulez vous rendre utile, nous avons besoin d’herbes médicinales. Si vous savez où en trouver il vous sera très reconnaissant.
Sur ce, elle fit signe à une jeune femme cornue de s’avancer. Elle aussi détonnait dans la boutique. Certains la regardaient de travers. Seshat n’en avait cure, elle ne s’intéressait ni à la race ni au passé de ses patients. Seul comptait leur confort.
- Bienvenue à la Fiole Dorée, je suis Seshat Ra-Sibwa, soigneuse à la cour de Whitestone. Que puis-je faire pour vous ?
Mais la démone montra sa gorge avec insistance de l’index. C’était un symptôme handicapant mais heureusement bénin.
- Nous avons un sirop que vous pouvez régler au comptoir. Sinon je vous recommande une tisane : du miel dans de l’eau chaude avec du thym. N’oubliez pas de protéger votre nez et votre bouche en portant un foulard par-dessus. Si vous n’avez pas de quoi payer merci de laisser votre nom au comptoir, vous pourrez régler la consultation ultérieurement. Nous recherchons des herbes médicinales, nous serions ravis si vous nous en apportiez.
La lionne accompagna sa patiente jusqu’au comptoir et récupéra les produits qu’elle avait demandé à l’alchimiste pour soigner Myste. Seshat éprouvait de l’inquiétude pour l’état alarmant de l’elfe noire. Myste pouvait rester aveugle à vie sans soins. Mais la perspective de voir sa santé se dégrader jusqu’à une issue tragique était encore possible. Il faudrait qu’elle interrompe régulièrement ses consultations pour humidifier le bandeau de l’elfe et lui faire boire quelques mixtures analgésiques.
Codage par Libella sur Graphiorum
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Seshat Ra-Sibwa
Khesah
Nationalité Arboréenne
Statut spirituel : -
Messages : 111
Points d'apprentissage : 369
Âge : 28
Emploi : Mentor itinérante
Origine : Arboréa
Ven 1 Sep 2023 - 1:11
[EVENT] La fiole dorée
ft. Seshat Ra-Sibwa, Myste Zarahn, Orin Saari
Ce fut une lionne qui s’occupa d’elle. La féline était visiblement plus grande que la jeune femme, mais qu’importe, l’important était les soins que l’animorphe pouvaient lui prodiguer.
- Bienvenue à la Fiole Dorée, je suis Seshat Ra-Sibwa, soigneuse à la cour de Whitestone. Que puis-je faire pour vous ?
Heureusement, la guérisseuse comprit bien assez vite le problème de la demi-démone. Elle suivit la féline au comptoir, prenant son médicament avant de laisser par écrit son nom et l’auberge où elle logeait afin de revenir payer sa note plus tard, puis prit aussitôt son médicament afin d'apaiser sa gorge endolori. L’hybride nota également mentalement les autres indications de la lionne. L’idée de la tisane était somme toute intéressante, surtout que les ingrédients se trouvaient tous dans la nature à cette période de l’année. Ça lui permettrait de faire quelques économies. Revenant sur ses pas pour sortir, la femme aux cheveux violet ignora royalement les autres malades. Ils n’avaient qu’à attendre leur tour comme elle avait fait.
Suivant les conseils de la whitestonoise, Khesah remonta sa tunique sur son nez lorsqu’elle sortit de la boutique. Désirant régler sa dette au plus tôt, l’hybride partit vers les bois. Certes elle ne connaissait pas toutes les herbes que Seshat pourrait avoir besoin, mais la demi-démone connaissait quelques herbes médicinales, elle n’aurait donc qu’à se concentrer sur le peu qui lui revenait en tête.
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Mar 4 Juil 2023 - 16:50
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